C’est pas très gentil d’être méchant
« People don’t care how much you know until they know how much you care. » Avec une traduction remaniée par Lê Nguyên Hoang, cette citation de Théodore Roosevelt donne en français : « Vos interlocuteurs se moqueront de ce que vous avez à dire tant que vous vous moquerez de ce qu’ils ont à dire. » Aujourd’hui nous nous attaquons à l’un des principaux venins qui empoisonnent les débats : la virulence. Essayons de la définir et d’y trouver un remède.
J’entends par virulence non seulement les grossièretés et les insultes, mais aussi toutes les manifestations de colère, de mépris, de caricature, d’indignation, d’emportement, d’excès de confiance, de sarcasme, de condescendance... La virulence ruine même les tentatives qui partent des meilleures intentions. Bien souvent, elle s’insinue dans l’échange sans qu’on s’en aperçoive, par d’insignifiantes apparitions a priori tolérables par tous. Mais même la plus petite dose de virulence peut susciter chez celui qui en est la cible une réaction de défense qui consiste à faire à son tour usage de virulence, faisant rapidement monter le ton et la tension de la discussion. Quand on en arrive là, c’en est fait de notre échange constructif.
Pour bien visualiser la virulence et ses conditions d’émergence, on peut concevoir la bonne continuation du débat comme un objectif à viser. Emettre de la virulence, c’est s’écarter de la cible. En 2019, le vidéaste Nathan Uyttendaele prend cette idée au sérieux et crée une infographie nommée la cible de Graham (google it, le papier ça coûte trop cher).
Mais comme le signale Vlanx dans sa vidéo « La virulence, c’est pas bien », nous évoluons dans un monde où la virulence est plutôt encouragée, et même socialement récompensée ; où celui qui crie le plus fort est celui qu’on entend le plus. Bien sûr, il ne s’agit pas d’aller crier encore plus fort que la virulence c’est pas bien. On devrait plutôt s’atteler à désamorcer les mécanismes qui favorisent la virulence, par exemple en cessant de la relayer sur les réseaux sociaux. Veillons au contraire à mettre en avant les opinions calmes et réfléchies. Certes, nos cerveaux de primates nous poussent à tourner les yeux vers le sensationnel, l’indignation et le clash. Se concentrer sur le calme et la bienveillance est ennuyeux et fatigant. Mais si vraiment nous voulons relever les grands défis de notre siècle, bien débattre sera crucial. Par conséquent, cruciale aussi sera notre capacité à conserver notre calme dans les discussions que nous serons amenés à avoir les uns avec les autres. Il me parait très important de prendre dès maintenant de bonnes habitudes.
Apprenons à ne pas réagir à la virulence. Restons de marbre face aux insultes. Persévérons dans la bienveillance. Ne cédons pas aux récompenses sociales. Ciblons la bonne continuation de la discussion. Soyons mesurés dans nos propos. Enfin n’oublions pas l’utilité de tout cela : permettre à la société de relever les grands défis qui l’attendent.
Ces recommandations, je me les adresse à moi avant tout. La société entière a besoin d’apprendre à mieux débattre, mais moi aussi, sans l’ombre d’un doute. Je veux jouer mon rôle dans cette histoire. Je vous fournis simplement mon programme d’entrainement, dans l’espoir qu’il puisse vous être utile. Bon courage à nous tous !