La plume
Les résultats du concours littéraire du BDA d’Audencia Nantes
Chaque année, le bureau des arts d’Audencia Nantes organise un concours littéraire, La Plume, qui vise à récompenser les écrivains les plus remarquables de leur école. Cette année, les gagnants sont publiés en avant-première dans le journal La Ration. Ils ont été élus au cours d’une soirée où tous les spectateurs ont pu voter pour leur favoris. C’est avec honneur que nous vous présentons les gagnants de cette édition 2022-2023 : Chloé Kerlau, gagnante de la section « poésie » et Soraya Chakil, gagnante de la section « histoire courte ». Bonne lecture et félicitations à elles !
Premier prix
du concours La Plume,
section « poésie »
APHRODITE, ou LA DERNIÈRE DES TITANES
Tu es née là où les flots déchiquetés
Rencontrent l’écume en un tonnerre de brume.
Alors que le ciel était d’éclairs déchiré,
La mer se saoulait des épaves qu’elle exhume.
Dans cette violence tu as vu le jour,
Sérénité parfaite, insolente beauté.
Tu t’échouas sans crier, d’un pas de velours,
Là où tout se détruit et où rien ne se crée.
Les plus illustres des Dieux vinrent te chercher,
Icône qu’ils modulèrent et qu’ils sculptèrent,
Et l’Olympe fut invitée à contempler
Leur chef d’œuvre sur un piédestal fait de verre.
Ils l’appelaient un trône et toi une déesse,
Mais tu n’étais qu’une statue à leur merci.
Ils te passèrent de mains en mains, frappes et caresses
Entamant lentement ton armure affaiblie.
Enfin, lassés, ils te donnèrent au mal-aimé.
Qui, par envie, voulait un morceau lui aussi.
Puis t’enferma, assuré de te posséder,
Et toi, médusée, des années tu attendis.
Prenant la poussière, l’Olympe t’oublia,
Mais tu te rappelas, et ta rage couvait.
Aucun des Olympiens n’avait eu peur de toi,
Parfaite statue grecque, ils le regretteraient.
Finies les colombes et les cœurs dégoulinants,
Aucun Dieu ne pourrait abattre une femme
Née de l’ire du firmament et de l’océan,
Choisie en tant que dernière des Titanes.
Tous avaient voulu ta beauté flamboyante
Alors tu les séduirais une fois encore ;
Pour tous leur donner la beauté terrifiante
Qu’est celle d’un poignard faisant couler l’ichor.
Tu brisas tant de cœurs qui se croyaient inhumains,
Mais l’amour n’est pas l’apanage mortel
Et tant d’êtres divins tombèrent par ta main,
Qui avait été belle mais sut être cruelle.
Et ainsi tu gagnas ton titre d’Olympienne,
Ton trône forgé dans la vengeance et les larmes.
D’Hélène à Daphné les tragédies tu fis tiennes,
De Sparte jusqu’à Troie on prit pour toi les armes.